Journée associative : un beau moment de rencontre

 

 

Grande effervescence le 24 novembre dernier au Palais des Congrès de Beaune.

Après dix-huit mois d’adaptation aux conditions sanitaires et aux vagues successives de COVID, nous avons pu organiser ce temps fort de notre vie associative. Réunissant encadrants et administrateurs, cette journée a permis le matin de consacrer un temps de travail concomitant sur des thématiques spécifiques. L’après-midi a été consacré à une réflexion sur l’autonomie avec les regards croisés de spécialistes de l’éducation, du travail social, du vieillissement ou encore de l’architecture adaptée. Ce moment réunissant l’ensemble des participants a, d’après les premières informations recueillies, été apprécié car il donnait la possibilité de prendre un peu de hauteur par rapport au quotidien et d’avoir une réflexion partagée contribuant à la construction d’une culture commune. La convivialité, dans le strict respect des gestes barrière évidemment nous a enfin laissé la possibilité maintes fois repoussée de rendre un hommage appuyé à Fabrice Toletti ancien Directeur Général des PEP CBFC et Gilles Thomas, ancien Directeur de la délégation de la Nièvre, tous deux partis à la retraite ces derniers mois ; durant de nombreuses années ils ont fortement contribué au développement du mouvement PEP et de ses instances locales. S’il fallait tirer une conclusion de cette journée, elle pourrait se résumer en deux mots : à renouveler !

Michel BON, Président des PEP CBFC

Les administrateurs planchent ... sur les administrateurs !

Les administrateurs PEP ont travaillé sur leurs missions, lesquelles évoluent : pour que leurs votes aient du sens, les administrateurs doivent aujourd’hui être initiés aux subtilités très techniques du fonctionnement des programmes publics, et à celles de la gestion d’une grosse association se professionnalisant. La connaissance pratique des activités de terrain devient de fait moins centrale même si elle demeure utile, d’autant que le centre décisionnel est plus technique et centralisé. Ce qui permet incidemment de voir arriver de nouveaux administrateurs non issus du sérail, lesquels enrichissent notre démocratie associative et tendent à repositionner les débats plus à l’aulne des valeurs. Ces changements ont en effet l’avantage de fédérer les administrateurs autour des valeurs PEP (solidarité, égalité, citoyenneté, inclusion, laïcité), plus que sur les modalités de développement des activités, relevant des Comités de gestion, et de l’organisation des compétences des salariés sous la responsabilité et l’expertise de la Direction Générale. Dans ce cadre, où a été évoqué le concept de crise d’utilité des administrateurs, des idées sont lancées : fin des conseils d’administration départementaux, redéfinition du rôle de référent, appréhension du DEL à l’échelon territorial... Autant de pistes proposées pour porter notre action et nos valeurs avec encore plus d’efficience.

Yann-Eric WEBER, Secrétaire Général des PEP CBFC

Rassembler les cadres de directions et chefs de services

La journée associative avait notamment pour objectif de rassembler les cadres de directions et chefs de services des établissements afin de partager les orientations de l’association, de faire le lien avec les politiques et valeurs associatives. Cette présentation voulait marquer également le cadre de déploiement et les axes fondamentaux des activités PEP CBFC. Il s’agissait ainsi de présenter les attendus de la période que l’on peut nommer phase d’intégration ou d’harmonisation, qui suit la phase de création des PEP CBFC issue de la fusion en 2018 et qui est portée par la nouvelle gouvernance. Dans un premier temps, les orientations stratégiques à trois ans ont été présentées en insistant sur l’importance de réaliser les objectifs fixés par l’association au travers des critères définissant les actions au sein d’une structure associative relevant de l’économie sociale et solidaire. Il s’agissait également de mettre en avant la notion de performance et de qualité intégrées à l’ensemble des actions menées au sein des établissements. Une des déclinaisons prioritaires de ces orientations étant la politique des ressources humaines, la matinée a permis au directeur des ressources humaines JM. GUETZ de présenter le plan d’actions à mettre en place au titre de cette politique. Enfin, pour faire le lien avec les valeurs associatives, V. Bonnaire est intervenu sur la laïcité ce qui a permis de poser quelques principes qui seront ensuite repris au travers de projets pour valoriser l’ancrage de cette valeur forte au sein de notre association.

Alain MILOT, Directeur Général des PEP CBFC

Merci à Fabrice Toletti et Gilles Thomas pour leur longue et belle carrière aux pep !

"Comment résumer la vie professionnelle et le rôle au sein des PEP de celui qui en 28 ans est devenu une sorte de monument Pepien... Il a toujours été en avance anticipant de façon innée les évolutions prévisibles des secteurs d’activités dont nous avions la responsabilité ainsi que les transformations sociétales et leurs répercussions sur l’adaptation nécessaire des réponses à apporter... Lorsqu’une grosse difficulté surgissait et empêchait un projet de se réaliser on sentait bien qu’il était déçu non pour lui-même mais parce qu’il était convaincu que c’était au détriment de nos publics. Car Fabrice est avant tout un humaniste."

Extrait du discours de Michel BON, Président des PEP CBFC

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"C’est avec un très grand plaisir que je t’adresse ces quelques lignes, il me faut essayer de faire au mieux pour rendre hommage au "sacré bonhomme" que tu es ! Jeune enseignant, tu fais une rencontre décisive, celle de Mme ARRETEAU, Inspectrice adjointe.Ta rencontre avec Mme ARRETEAU te mènera vers les PEP et vous allez marquer à jamais l’association départementale de la Nièvre. Alors, oui, par ta capacité à beaucoup travailler, ta rigueur, tes capacités oratoires, ton enthousiasme, tu as incontestablement laissé une empreinte auprès de tes administrateurs, de tes salariés, de tes partenaires."

Extrait du discours d'Edith FINOT, Présidente de la délégation de la Nièvre

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Résumé des interventions sur le thème de l'autonomie

100% autodéterminé : rêve ou réalité ? - Mathilde BIBOUDA, Directrice du CREAI BFC

"Le terme "autodétermination" peine à trouver une réalité concrète au sein des ESMS (établissements sociaux et médico-sociaux). Cette notion se réfère au principe du droit des peuples à disposer d’eux mêmes (choisir librement sa conduite et ses opinions, hors de toute pression extérieure). Qui dit principe de droit, dit principe de réalité, de vie en société et donc il ne s’agit pas d’une toute puissance d’une personne qui s’affranchirait des contraintes de vie en société. Bien au contraire. Il existe un lien très fort entre autodétermination et participation citoyenne et c’est bien pour ça que cette notion a pris toute son ampleur chez les féministes noires dans les années 1970 et qu’il a petit à petit gagné du terrain chez les minorités, les exclus, les plus fragiles… au cœur de leurs revendications. Pour autant, 100% autodéterminé, comme pour 100% inclusif, parce que ces notions sont étroitement liées, est-ce un rêve, un slogan, ou une réalité ? Les notions d’accessibilité et de compensation, ainsi que celles de participation et de libre choix des personnes vulnérables et de bienveillance de tous sont inhérents à la mise en œuvre concrète d’une société inclusive. Nous sommes encore un peu loin de la société 100% inclusive, où l’on donnerait tout le temps la possibilité aux personnes d’exercer leurs droits, selon leurs choix et ainsi de s’autodéterminer. Pour autant, ce que nous disent les chercheurs qui ont travaillé sur l’autodétermination c’est que pour la promouvoir, il y a des éléments à travailler et les professionnels des ESSMS sont sans doute parmi les mieux placés pour les réunir. Il ne suffit pas d’une forme d’injonction généralisée à la formation des professionnels à l’autodétermination, il faut un vrai portage de cette notion, au sein des familles et des personnes accompagnées. L’autodétermination suppose de l’autonomie (capacité à vouloir, possibilité de faire des choix), mais pas forcément de l’indépendance (capacité à agir, possibilité de faire par soi-même sans aide extérieure). Un point d’attention, il s’agit à travers cet accompagnement par les professionnels, de développer le pouvoir d’agir des personnes accompagnées et il s’agit donc forcément de restreindre le pouvoir (conscient ou non) des tiers sur eux (familles, tutelles, travailleurs sociaux) et cela ne va pas forcément de soi pour certains d’entre nous, et nécessite d’avoir soi-même ou au niveau des professionnels un pouvoir d’agir. C’est pourquoi il faut souvent travailler sur le fonctionnement des équipes, d’une famille, pour faire avancer sur l’autodétermination des personnes accompagnées. Or, avec les populations vulnérables on s’est longtemps considéré comme bon professionnel quand on avait réduit les risques à 0, en étant certain du résultat, c’est dramatique ! On n’apprend rien sans prendre de risques, l’apprentissage c’est déjà une prise de risque. Cette dernière doit seulement être mesurée, partagée en équipe et discutée avec la personne accompagnée et son entourage. Il s’agit de partir de la personne, de ses attentes, en la valorisant, en lui donnant des responsabilités, sans l’aliéner. Et c’est finalement là, que se situe l’avenir des travailleurs sociaux, en se questionnant en permanence sur le soutien qu’ils peuvent apporter aux personnes en situation de vulnérabilité, en valorisant leurs ressources et potentialités, pour que leurs choix (même si, à titre personnel, le professionnel ou le proche n’y adhère pas toujours) et aussi leur autodétermination deviennent réalité." 

A quelles conditions l’inclusion en milieu scolaire peut-elle favoriser l’autonomie des enfants et des adolescents ? - Thierry Troncin, Docteur en sciences de l’éducation et Maître de conférences
"Le milieu scolaire est un environnement complexe à comprendre pour nombre d’acteurs, parmi lesquels les enfants, adolescents ou jeunes adultes qui ont des besoins particuliers dans les domaines éducatif ou sanitaire. Ces situations spécifiques invitent les établissements scolaires à concevoir collectivement des prises en charge partenariales adaptées afin de créer les conditions d’apprentissage les plus vertueuses, en particulier pour ceux qui sont inscrits dans une situation de handicap. La dimension sociale du processus inclusif prime sur la dimension strictement pédagogique et, de ce fait, plusieurs compétences transversales ou non académiques pourront être mobilisées et enrichies, parmi lesquelles l’estime de soi, la confiance en soi, la gestion des émotions et des comportements ou l’autonomie. Cette dernière compétence s’exerce dans plusieurs domaines (les relations sociales, les prises d’initiative, les apprentissages…) et se caractérise par des niveaux de maîtrise hiérarchisés. Notre École française, qui s’est résolument inscrite dans ce mouvement inclusif depuis le début des années 2000, doit continuer à se transformer pour accueillir toutes les diversités avec plus de souplesse, d’adaptations et de confiance. Pour les élèves les plus vulnérables, l’espace et le temps scolaires gagneraient à être plus sécurisants (dans les dimensions physique, psychique et cognitive) et adaptés afin de constituer une véritable communauté apprenante tolérante, stimulante et solidaire."

Le vieillissement : ce qu’il faut savoir pour penser les enjeux - France Mourey, Enseignant chercheur à l’Université de Bourgogne

"L’augmentation de l’espérance de vie constitue une modification considérable de notre société. La population des +60 ans passerait de 21 à 32 % entre 2007 et 2006; les +75 ans de 8,5 à 16,2% et les +85 ans de 2 à 7% sur cette même période. Tous les niveaux de la société sont concernés : famille, productivité économique, santé, culture. L’aspect nécessairement progressif du phénomène s’est accompagné de beaucoup de silence malgré les prévisions des démographes et des sociologues. Ce silence a touché tout particulièrement les responsables des politiques gérontologiques. C’est le cas en particulier du fonctionnement des établissements d’hébergement. Il est essentiel de considérer la diversité considérable des individus dans l’avancée en âge selon un processus dit différentiel. Ce qui conduit à éviter la catégorisation par tranches d’âge chronologique. Il est convenu de distinguer : le vieillissement réussi (65-70%), la fragilité avec risque de décompensation (15 à 25%) et le vieillissement avec pathologies et dépendance (5%). Cette transformation de notre société s’accompagne de la survenue d’un mécanisme d’âgisme se manifestant de manière insidieuse par une tendance à la discrimination à l'égard des personnes âgées que ce soit à travers les médias, les modes architecturales la discrimination au travail ou la stigmatisation de la sexualité. La première étape pour lutter contre ce type de dérive, largement souligné par l'Organisation Mondiale de la Santé, est de mieux connaitre le vieillissement et ses déterminants comme la nutrition/dénutrition, l’exercice physique/sédentarité et le lien social/isolement. Trois pistes s’imposent à nous : une transformation sociétale nécessitant une évolution culturelle, l’émergence de questions éthiques autour de la vulnérabilité et la nécessaire formation des acteurs."

Comment l’architecture intègre le handicap et participe à l’autonomie aujourd’hui ? - Christelle ANDRÉ, Architecte associée AA Group

"à cette question et au-delà des définitions de l’architecture, on peut tout d’abord répondre par un principe directeur : il faut avant tout construire des murs adaptés aux besoins et non pas rechercher d’abord un geste architectural. Art et science à la fois, l’architecture est soumise bien sur à un cadre juridique et notamment la loi d’égalité des droits et des chances qui fixe les normes d’accessibilité. L’architecte doit donc à partir des différents types de handicap et des zones clés de l’accessibilité depuis le domaine public se doter d’outils de dimensionnement afin de penser l’espace. Tout ce qui à trait à la sécurité et au confort d’usage est mis au service de l’autonomie : transparence, fluidité, liberté de déplacement mais aussi lumière, acoustique, matériaux et couleurs. Les technologies participent également de cette approche et doivent être intégrées. On retrouvera ainsi dans une unité de vie type des éléments tels que chemin lumineux, capteurs de chute, automatisation des équipements… Plusieurs réalisations ou projets actuels permettent d’illustrer concrètement comment doit être pensée l’architecture pour être actrice de l’autonomie. Elle se doit d’être conçue avec les autres et le dialogue est donc primordial !"

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Publié le 06/12/2021

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