Du côté de la CLIME Quetigny
C’est depuis la rentrée de septembre 2019 que certains jeunes de l’IME ont pris leurs quartiers dans les locaux du CFA de Quetigny au sein de la CLIME Quetigny (CLIME = Classe d’IME). Cette ouverture de classe externalisée s’inscrit dans une politique d’externalisation des Unités d’Enseignement (UE) des établissements et services médico-sociaux vers des établissements ordinaires, en faveur d’une école plus inclusive. Si au cours de l’année scolaire 2019-2020, 15 jeunes de 16 à 18 ans ont pu bénéficier d’une scolarisation à la CLIME, ce sont cette année 18 jeunes qui participent au dispositif. Car la CLIME ne se résume pas uniquement à une scolarisation externalisée. C’est aussi la construction de tout un projet qui vise à proposer aux jeunes un accompagnement dispensé au maximum hors l’IME.
Ainsi, les jeunes sont accueillis en internat ou en externat dans les deux appartements de l’antenne CLIME situés dans le quartier de la Fontaine d’Ouche. Encadrés par quatre éducateurs qui interviennent également dans la classe en appui à l’enseignante, ils s’initient à la vie en colocation, expérimentant la gestion des repas, l’entretien de l’appartement ou encore l’apprentissage à l’autonomie, que ce soit dans les transports ou dans la gestion de son temps libre. Afin de répondre également aux attentes en matière de formation professionnelle, les 18 jeunes sont répartis en deux groupes qui fonctionnent sur un principe d’alternance, enchainant une semaine de 21h de classe et de 2h d’EPS encadrée par un éducateur sportif de l’IME, et une semaine en Formation Professionnelle Adaptée (FPA).
Toujours pour rester dans cette même logique d’externalisation, le secteur professionnel tend également à proposer au maximum des formations en dehors de l’IME, au sein des structures existantes de l’IME comme la brasserie Traits d’Union ou la P’tite Boutique, ou grâce à des partenariats avec le CROUS de l’Université de Bourgogne dans les domaines des champs HAS, multiservices et ERE, ou sur d’autres chantiers extérieurs.
Afin de présenter ce dispositif, des stages sont régulièrement proposés à d’autres jeunes au cours de l’année, soit uniquement sur la CLIME ou sur l’antenne, soit avec un couplage classe/hébergement. Cela permet de faire découvrir la classe externalisée, d’évaluer la capacité et la motivation du jeune à s’engager dans ce type d’accompagnement et de préparer une future entrée à la CLIME. Mais la CLIME, ce n’est pas simplement une classe de l’IME qui serait délocalisée dans des locaux extérieurs. L’un des objectifs premier est bien de favoriser au maximum les échanges avec les jeunes du CFA.
Ainsi, si la CLIME a sa salle de classe propre, tous les autres espaces de vie sont partagés avec les apprentis du CFA. C’est le cas par exemple de la restauration où les jeunes de la CLIME n’hésitent pas à se mêler aux autres usagers (les échanges sont malheureusement limités actuellement en raison des règles sanitaires), et surtout des temps de pause au cours desquelles les jeunes se retrouvent autour d’une partie de football au city-stade (accès interdit actuellement) ou du babyfoot installé au foyer qui est le terrain de parties effrénées.
Plusieurs projets ont vu le jour au cours de l’année dernière avec d’autres groupes du CFA. Ainsi, les jeunes de la CLIME ont pu aller à la rencontre d’un groupe de jeunes de 1ère agri qui préparaient leur concours au Salon de l’Agriculture à Paris au cours d’une visite à la ferme pédagogique du CFA située à Tart-le-Bas.
Des échanges se sont également organisés avec les CAP 1ère année autour de la fabrication de mangeoires à oiseaux et de ruches. Pour Hugo, ce travail a été particulièrement enrichissant car il a permis de connaître d’autres jeunes. Jeunes que les élèves de la CLIME ont eu par ailleurs la joie de retrouver cette année et avec qui ils ont créé des liens.
Dans le cadre de leur projet d’études, les BTS Anabio sont également venus à la rencontre des jeunes de la CLIME. Ils leur ont proposé un après-midi écologique, l’objectif étant de nettoyer un espace naturel. Armés de leurs gants et de leurs sacs poubelle, tous se sont prêtés au jeu autour de l’étang de Bressey-sur-Tille pour ramasser les déchets. L’après-midi s’est terminée par un goûter et des récompenses offertes par les étudiants de BTS.
Cette année, en attendant de reprendre les projets communs avec les apprentis du CFA, règles sanitaires obligent, c’est autour de l’insertion professionnelle qu’un travail s’est plus particulièrement engagé. Ainsi, dans le cadre des services mutualisés de l’IME, un travail commun avec les chargés d’insertion de l’IME commence à voir le jour. S’en suivront des visites d’entreprises relevant du milieu ordinaire comme du milieu protégé. Des échanges enrichissants pour ces jeunes qui vont bientôt entrer dans la vie active.
Et du côté de la direction du CFA, quelle vision ont-ils de la CLIME ? Les élèves du groupe 1 sont allés à la rencontre de Mme Linda Barré, directrice adjointe du CFA, qui a gentiment accepté de répondre à leurs questions.
> Que pensez-vous de la CLIME ?
"La CLIME, c’est un peu notre petit bébé au sein du CFA parce c’est une classe qui est à la fois atypique, c’est à dire qu’elle est particulière, mais qui rentre dans la globalité du CFA. Je ne pense que du positif de la CLIME parce que par rapport aux jeunes en situation de handicap, être intégrés comme ça dans un établissement scolaire public, je trouve ça très bien et je trouve que vous êtes très courageux parce que ce n’est pas évident. Ce n’est pas facile d’arriver dans un établissement dit « ordinaire » et de s’intégrer sans différences. Vous êtes à la fois une petite classe atypique particulière différente mais complètement intégrée de manière générale. C’est un super dispositif et j’aimerais qu’il y en ait davantage dans d’autres établissements."
> Est-ce que les jeunes de la CLIME sont bien intégrés au CFA ?
"Oui, ils sont très très bien intégrés. Ils sont tellement bien intégrés qu’ils sont transparents. Ça ne veut pas dire que c’est négatif. Vous êtes tellement bien intégrés qu’on ne fait pas la différence entre un apprenti et un jeune de la CLIME. Vous faites partie intégrante du CFA et vous utilisez exactement les mêmes infrastructures, les mêmes locaux que les jeunes apprentis. Donc oui, en termes d’intégration, on ne peut pas faire mieux. "
> Pensez-vous que les jeunes de la CLIME pourraient être hébergés à l’internat du CFA ?
"C’est une autre étape. C’est à réfléchir. Pour l’instant, on n’a pas intégré d’internes. Vous vous êtes très bien intégrés sur la journée, il n’y a aucun souci, avec du personnel qui est mis à disposition. Quand on bascule le soir, c’est un autre mode de fonctionnement, avec ce que l’on appelle des assistants vie scolaire qui sont au nombre de 3 pour 40 à 50 jeunes. Je ne sais pas si cette organisation-là pourrait aller avec des jeunes de la CLIME. Alors pourquoi pas, il faudrait tester sur une ou deux nuits, voir comment ça se passe pour développer ce dispositif. C’est une question ouverte avec peut-être un beau projet à envisager à moyen terme."
Mais le mot de la fin reviendra aux deux Hugo de la CLIME qui, à la question « que pensez-vous de la CLIME ? », répondent :
« La CLIME, c’est bien parce qu’on n’est pas à l’IME et qu’on est avec les autres jeunes. »
Isabelle LEFRANC, Enseignante à l'IME, DAMS21
"C'est avec beaucoup de plaisir que je découvre la coordination de ce projet inclusif, à travers lequel les jeunes mais également les professionnels s'épanouissent."
Chloé LARGY, Coordinatrice SAEA